Il existait un royaume invisible, absent des cartes et des regards. Chacun le portait en soi, comme une citadelle secrète, enfouie dans le silence du cœur.
Chez Alma, cette citadelle ressemblait à une ville ancienne, ensevelie sous le sable du temps. Parfois, un écho la traversait : une ruelle dans un éclat de rire, un balcon lumineux dans une rencontre, un pont oublié dans un rêve. Puis tout s’effaçait, et la poussière retombait sur les pierres endormies.
À l’extérieur, Alma semblait avancer : elle travaillait, parlait, souriait. Mais son âme errait, en quête d’un lieu où reposer. Le monde la bousculait de ses bruits, de ses urgences, de ses mirages.
Un jour, elle rencontra un vieil homme. Ni sage ni magicien, simplement un être tranquille qui lui dit :
— Ta citadelle n’a pas disparu. Elle dort. Pour la réveiller, il faut déblayer les routes en toi. Veux-tu que je t’accompagne ?
Alors commença le voyage. Ensemble, ils soulevèrent les pierres des souvenirs, arrachèrent les racines des peurs. Peu à peu, la lumière revint : une fontaine claire, une cour pavée de chants, une tour dressée face au vent.
La citadelle s’éveillait. Les fleurs renaissaient, les maisons se coloraient, les rues vibraient de musiques.
Le vieil homme murmura :
— Ce royaume est à toi. Ne le ferme pas. Veille sur lui. Nourris le de beauté, de vérité, de bonté.
Alors Alma comprit : sa citadelle n’était pas un refuge, mais un monde à offrir. Et dans ce monde, elle retrouva le vrai trésor — la liberté d’aimer, et d’être aimée.